Mieux répéter pour mieux mémoriser ses études
Apprendre et comprendre
Étudier implique l’apprentissage et la compréhension de nouvelles notions. Les deux sont essentiels et interreliés. Inutile de mémoriser une information si on ne comprend pas son sens ou sa signification. Et inversement, pour comprendre une notion, il faut préalablement l’avoir apprise et mémorisée.
La compréhension exige une explication plus ou moins élaborée selon le niveau de complexité de l’information. Parfois, c’est trivial et la notion s’explique par elle-même alors que d’autres concepts exigent une cascade d’explications. Et c’est l’un des rôles de l’enseignant en classe: mettre en contexte, détailler ou simplifier l’explication pour favoriser la compréhension de l’élève selon son niveau.
Étudier différemment pour apprendre plus facilement
Par contre, l’apprentissage initial et la mémorisation en particulier sont surtout une question de répétition. Les résultats de recherches de l’hôpital Johns Hopkins publié en 2016 sur les mécanismes d’apprentissage permettent d’améliorer considérablement le temps d’apprentissage en révisant cette notion de répétition. Ces recherches peuvent ainsi faciliter l’apprentissage, entre autres, en réduisant le temps requis pour l’acquisition des connaissances et des compétences.
Dans le contexte scolaire, les élèves auraient intérêt à modifier leur façon d’étudier pour faciliter la mémorisation de l’information et de son explication. Ceci est valable pour les études à l’école tout autant que l’apprentissage d’une habileté sportive par exemple. Le principe est toujours le même: plus on pratique quelque chose, meilleur on devient. Et cette répétition mise sur l’acquisition d’automatismes qui feront éventuellement partie de l’inconscient. Même nos mouvements, nos muscles, ont leur propre mémoire: en composant votre NIP, le mouvement de vos doigts sur le clavier contribue à mémoriser votre code secret! L’utilisation répétée de votre clavier d’ordinateur permet à vos doigts de se positionner sur les touches sans constamment les regarder. Mais la répétition a ses limites et c’est là que la recherche cognitive permet d’innover.
De petits changements à chaque répétition
La façon de pratiquer ou de mémoriser est plus importante que la répétition en soi. Répéter sans cesse la même chose de la même façon ne donne pas les meilleurs résultats. La clé d’un apprentissage plus performant est la répétition modifiée. Il suffit d’y apporter une légère variante pour stimuler la consolidation de l’information dans le cerveau. Par exemple, d’abord lire un texte à une vitesse confortable deux ou trois fois. Par la suite, lire le même texte un peu plus vite pour finalement reprendre ce texte avec une lecture un peu moins vite que la lecture initiale. On obtient un même texte lu avec trois vitesses différentes. À chaque lecture subséquente, le cerveau reconsolide les souvenirs précédents. Il récupère un souvenir spécifique (le texte original) pour y apporter une modification (le rythme) pour ensuite réenregistrer le tout en mémoire. En modifiant la façon de pratiquer cette lecture, on améliore la mémorisation grâce à un renforcement du souvenir avec chaque répétition.
La vitesse de lecture est un exemple de modification ayant un effet de reconsolidation. Pensez à y ajouter une musique, faites une lecture à voix haute ou suivez avec votre doigt chaque mot plutôt qu’un changement de vitesse. Toutes variations mineures lors de chaque répétition renforceront la mémorisation et en accéléreront la rétention.
Attention. La variation doit être très légère pour éviter qu’elle ne devienne un nouvel exercice avec son propre souvenir. Dans ce cas, il n’y aura pas de reconsolidation, donc de renforcement de la mémoire. Il en va de même avec la fréquence qui doit tenir compte d’une pause nécessaire à « l’internalisation » des souvenirs par le cerveau. Il faut éviter de répéter trop tôt un exercice.
Donnez-vous du temps
L’intervalle entre les répétitions est l’autre aspect clé de l’étude de Johns Hopkins. Chaque séance de lectures ou d’un entraînement sportifs doit être espacée suffisamment pour que le souvenir soit bien enregistré et ensuite être reconsolidée. La recherche indique qu’un délai minimal d’environ 6 heures soit nécessaire. Pour être modifiés, vos souvenirs doivent d’abord avoir eu le temps d’être établis ou fixés pour pouvoir ensuite profiter d’une reconsolidation. Ceci favorise donc des répétitions ou pratiques sur plusieurs jours plutôt qu’un blitz intensif sur une brève période de temps de quelques heures.
Ainsi, une présentation orale devant la classe doit se préparer plusieurs jours d’avance avec une répétition comportant de petites variantes avec au moins 6 heures (ou le lendemain) entre chaque itération. Pour des apprentissages plus imposants comme une révision avant un examen, le fractionnement de la matière en petits éléments est recommandé. On revient au même principe de répétition, mais avec une taille facilement assimilable pour la mémorisation. Puis une fois chaque composante bien maîtrisée, recoller le tout dans son ensemble. Chaque élément mémorisé demeure le même, mais ils seront reconsolidés dans un nouvel ensemble plus large offrant une nouvelle signification.
En conclusion
Au final, chaque répétition rend l’apprentissage plus facile et/ou rapide. Et à chaque séance, il y a la possibilité d’y apporter des corrections, des ajustements selon vos forces et faiblesses. Il ne restera qu’à établir le niveau d’expertise souhaité pour savoir où s’arrêter. Car il y aura toujours un monde de répétitions entre obtenir la note de passage et parvenir à l’excellence!