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L’aide particulière offerte dans les écoles est souvent associée aux élèves plus faibles, que ce soit en lien avec un trouble de l’apprentissage, un trouble du langage ou des troubles de comportements par exemple. Les services scolaires sont presque totalement centrés sur ceux qui ont des difficultés ou qui ont pris du retard. Mais qu’en est-il des élèves qui ont des facilités, voire de la douance? Très peu d’écoles au Québec se préoccupent de cette clientèle jugée sans problème ni besoin particulier.

C’est comme si l’école était conçue uniquement pour les jeunes dans la moyenne, ni trop faibles ni trop forts. La formule de cours magistraux uniformes est justement conçue pour cette clientèle médiane. Les jeunes aux extrémités ont, au contraire, besoin d’une aide adaptée et sur mesure.

Les jeunes doués ont également besoin d’être davantage stimulés, avec des défis à la hauteur de leurs capacités. Ils sont trop souvent laissés pour compte au profit des plus faibles, faute de ressources suffisantes. En fait, c’est que l’école favorise la réussite, point. On tient pour acquis que les plus forts réussiront sans aide. Or, c’est reconnu que la douance n’est pas nécessairement synonyme de réussite scolaire. Et une force prononcée peut cacher une faiblesse particulière. Ça prend donc de la souplesse dans l’enseignement. C’est souvent le tutorat, par sa formule sur mesure, qui permet d’offrir des services adaptés à ceux qui performent déjà très bien autant qu’à ceux en situation d’échec.

Enfant avec douance et l'école au Québec

Il existe cependant depuis 2020 un programme du MÉQ avec une aide financière permettant aux Centres de Services scolaires (CSS) du Québec d’offrir des classes à vocation particulière pour des jeunes identifiés avec une douance. On parle de 33 millions de dollars depuis 3 ans, mais il est très difficile de savoir comment cette aide se concrétise. Un exemple à Laval: l’école secondaire Georges Vanier a ouvert un premier groupe pour des élèves doués en septembre 2023. La formule «par modules» de cette école favorise un rythme et un encadrement mieux adaptés à cette clientèle. Ces jeunes ayant un fort potentiel représenteraient de 2 à 5% de la population. Ce programme devrait répondre aux défis particuliers de ces jeunes plutôt négligés jusqu’à maintenant. Voilà un changement de culture qui soutient et encourage ceux qui sont capables de plus.

Il est grand temps que l’on s’occupe aussi des élèves doués qui ont rarement la chance d’apprendre selon leur plein potentiel et à un rythme différent. Grâce à ce budget dédié à la douance, on élargit la notion de clientèle particulière sans nuire à l’aide essentielle pour ceux qui sont en situation d’échec. Il reste maintenant à mesurer concrètement les retombées de cet investissement supplémentaire. Il faut aussi s’assurer que ce programme puisse se déployer à plus grande échelle au Québec avec les fonds nécessaires.

Une communauté saine et prospère doit prendre en charge ses membres les plus défavorisés, mais elle doit aussi pouvoir compter sur ses éléments les plus doués. Nous avons besoin d’intellectuels, de dirigeants d’entreprises, de scientifiques, de leaders et de moteurs économiques pour nous enrichir collectivement. Il faut donc s’en soucier et encourager l’élite de demain, ce qui profitera à l’ensemble de notre société.

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