Intelligence artificielle et la formation des enseignants – 1re partie
On le sait maintenant, l’Intelligence Artificielle (IA) est en train de révolutionner la façon de travailler et ce n’est que le début d’une transformation en profondeur de nos sociétés. On peut facilement imaginer des menaces, des opportunités et des changements de paradigme: les emplois bien sûr, mais également la fiscalité des gouvernements, les relations humaines et le tissu social. Et comme toujours, la technologie a plusieurs longueurs d’avance sur les réflexions qui découlent de son usage. Il faudra donc s’adapter au fur et à mesure que les problèmes émergeront.
Mais qu’en est-il de l’éducation, de la façon de préparer la nouvelle génération à cette réalité qui sera bien installée avant la fin de leur scolarité? Comment enseigner aux jeunes dans un monde où l’IA sera dominante et omniprésente au quotidien? Comment adapter les compétences requises, comment former les jeunes en allant au-delà de « savoir chercher » pour trouver l’information requise?
L’IA, mieux que quiconque, nous les humains, répondra à nos questions, peu importe le sujet. L’IA fera aussi des choses à notre place, nous laissant le rôle de valideur de résultats. Elle sera rapidement plus compétente, beaucoup plus rapide et apprendra en temps réel. Ceci implique, pour l’usager humain, un savoir-faire différent et un jugement qualitatif pour valider chacune des réponses ou chaque contenu produit. Parce que bon nombre d’adultes auront du mal à s’adapter, il m’apparaît urgent de former les jeunes à savoir dès maintenant être des utilisateurs aguerris de l’IA.
Malheureusement, l’école et ses programmes n’ont pas ou ont peu intégré l’internet dans la formation des élèves. Et pourtant, voilà 30 ans que le web est présent dans nos vies. Le système scolaire a raté la révolution de l’internet. Il devra par contre prendre un virage majeur face à ce changement de paradigme de l’IA. Sinon? La conséquence de former de parfaits incompétents numériques et des citoyens condamnés à l’assistance sociale sera bien réelle. La notion de compétence et de connaissance changera une fois de plus, mais cette fois, sans aucune commune mesure depuis l’industrialisation du 19e siècle.
J’aimerais savoir qu’en ce moment même, la formation des enseignants prépare les futurs profs à devenir des guides plutôt que des détenteurs du savoir. La connaissance en soi ne sera plus jamais en faveur de l’humain. Le jugement sera à l’honneur, la créativité plus importante que jamais. En fait, la formation des enseignants est à revoir complètement, mais les programmes le sont tout autant, sinon plus encore. On s’est posé la question dans les années 80 avec l’arrivée des calculatrices abordables: l’enseignement du calcul a-t-il encore sa place? La réponse allait de soi bien que personne aujourd’hui ne se passerait d’une calculatrice. Si le GPS nuit à l’importance d’avoir le sens de l’orientation, à quoi bon apprendre à se diriger vers notre destination… avec un trajet qui change en temps réel selon plusieurs facteurs. Les avantages de compter sur l’IA sont évidents et son adoption inéluctable. Comment se former pour faire partie des acteurs et non des victimes de l’IA? Il est urgent que le monde de l’éducation trouve les réponses.
Nul doute, l’école aura encore sa place. Les bases, comme la connaissance de la langue et la socialisation, par exemple, demeureront parmi les fonctions majeures de l’école de demain. Par contre, tout le reste doit être mis sur la table. Il faut réinventer l’enseignement pour intégrer le potentiel de l’IA dans la façon d’éduquer et de former nos jeunes… et leurs profs! Notre société en dépend.